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Les banques d’investissement misent à nouveau sur les recrutements

Malgré les incertitudes liées au Brexit, les banques de financement et d’investissement (BFI) recrutent pour se renforcer dans certains métiers, et faire face à l’essor du numérique et des nouvelles réglementations.

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Option Finance – 30 octobre 2017 – Nathalie Halpern (extraits)

Les banques de financement et d’investissement se sont remises à embaucher. «Les recrutements se sont intensifiés depuis quelques mois. Les grandes banques d’investissement, y compris françaises, recommencent à embaucher après des années de disette», constate Denis Marcadet, président de Vendôme Associés, un cabinet de recrutement spécialisé dans les banques d’affaires. 

 

C’est notamment le cas chez Crédit Agricole Corporate and Investment Bank (CACIB). «En 2017 nous devrions recruter à peu près autant qu’en 2016. L’an dernier, nous avons embauché environ 1 000 
personnes en CDI dans le monde, soit 50 % de plus qu’en 2015», déclare Martine Boutinet, directrice des ressources humaines de la banque de financement et d’investissement du Crédit Agricole, qui compte 7 800 salariés au total, se répartissant pour moitié en France et pour l’autre moitié à l’international. Alors que les résultats des grandes banques d’investissement se sont améliorés sur fond d’envolée des fusions-acquisitions et de redressement des marchés financiers, les unes et les autres n’hésitent plus à recourir à des recrutements externes, de manière ciblée. «Nous recrutons pour remplacer les départs en retraite ou les démissions, et pour renforcer certaines activités qui ont besoin d’être développées», explique Martine Boutinet, de CACIB.

A l’instar d’autres banques, la banque verte a ainsi embauché pour renforcer son activité de «coverage», c’est-à-dire de couverture des grands clients, afin d’améliorer le suivi des grands groupes. En faisant alors appel à des banquiers conseil «seniors», qui disposent d’une vingtaine d’années d’expérience.

Embauches en «corporate finance»

Les métiers liés au financement d’entreprises, ou «corporate finance», ont également le vent en poupe, alors que les sociétés se sont remises à investir et multiplient les opérations de croissance externe. […]

Le marché des fusions et acquisitions demeurant soutenu, les embauches se poursuivent par ailleurs, dans ce métier. «Les équipes de fusions et acquisitions continuent à être étoffées dans les grandes banques françaises et anglo-saxonnes», souligne Denis Marcadet, de Vendôme Associés.

C’est notamment le cas de Société Générale, dans son pôle Banque de grande clientèle et solutions investisseurs (GBIS), qui regroupe les métiers de la banque d’investissement et de financement, avec les métiers titres, la banque privée et la gestion d’actifs. «En 2018, nous allons renforcer nos activités de fusion et acquisition en France et en Grande-Bretagne en recrutant. Nous recherchons à la fois des profils juniors et seniors», explique Anne-Catherine Ropers, responsable mondiale des ressources humaines de la Banque de grande clientèle et solutions investisseurs. Après avoir procédé à des recrutements «contenus» en 2017 sur fond de restructurations, Société Générale prévoit en 2018 d’embaucher 2 100 personnes au total en CDI en France, dont environ un tiers en banque de grande clientèle.

Malgré les incertitudes liées au Brexit qui pèsent sur l’avenir de ses équipes – la BFI de Société Générale compte pas moins de 2 000 postes à Londres dont 300 pourraient être transférés à Paris –, la banque de La Défense se remet à recruter, à l’instar de ses concurrentes. «La perspective du Brexit ne semble pas limiter, pour le moment, les recrutements des banques d’investissement françaises à Paris, car elles ont besoin d’embaucher localement des professionnels opérationnels connaissant très bien le marché français», estime Denis Marcadet. La situation pourrait être plus contrastée concernant les activités de marché qui sont très présentes à Londres, avec la perspective du retour à Paris de centaines de salariés. «Cependant, rien ne dit que les traders qui sont basés à Londres accepteront de venir travailler dans la capitale française. Nous sommes régulièrement sollicités par des professionnels de la finance londoniens, mais, pour l’instant, nous n’avons pas vu beaucoup de transferts», commente un chasseur de têtes parisien.

Recherche de nouveaux profils

En attendant le Brexit, qui pourrait débuter en mars 2019, voir plus tard au vu de la complexité des négociations, les établissements ont d’autant plus besoin de recruter, qu’au-delà de leur volonté de se renforcer dans certains métiers, ils sont confrontés à l’essor du numérique. «Nos métiers sont transformés par le développement du numérique, explique Hélène Krief, responsable recrutement de la Banque de grande clientèle et solutions investisseurs de Société Générale. Nous faisons évoluer nos systèmes d’information et développons nos plateformes électroniques, notamment dans les activités de marché et de financements. Aussi, nous recherchons de plus en plus de jeunes talents dans les métiers du numérique, des ingénieurs en informatique et des spécialistes du “data”, ce qui nous conduit à diversifier nos recrutements.» Au-delà des jeunes diplômés de grandes écoles ou d’universités, la banque se tourne de plus en plus vers des jeunes issus d’écoles moins traditionnelles, spécialisées dans le développement informatique, telles que l’Ecole 42 fondée par l’homme d’affaires Xavier Niel. Il en va de même au Crédit Agricole. «Avec le développement des nouvelles technologies, nous recrutons plus de jeunes spécialistes du data et d’ingénieurs, et nous allons en recruter de plus en plus», estime Martine Boutinet, de CACIB.

Enfin, l’essor des réglementations – telle MIFID 2, la directive européenne sur les instruments financiers –, et l’apparition de nouveaux risques (terrorisme, piratage informatique, etc.) poussent les banques à étoffer toujours plus leurs équipes de conformité et risques. […]

Les banques américaines se renforcent à Paris

Si la perspective du Brexit n’empêche pas les banques françaises d’embaucher, elle inciterait, également, les banques américaines à se renforcer à Paris. James Cowles, directeur général de Citi pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique a ainsi indiqué récemment que la banque américaine allait consolider sa présence à Paris dans ses métiers de banque d’investissement et demander une licence pour ses activités de marché en France. De son côté, Bank of America Merrill Lynch serait sur le point de relocaliser 300 de ses traders londoniens dans l’Hexagone. De son côté, la banque d’affaires américaine Perella Weinberg a lancé une série de recrutements à Paris, afin de s’y développer.

 

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