BAROMETRE METIERS #17 – AUTOMNE 2021
Notre baromètre est de retour avec un tour d’horizon de quelques tendances emploi et recrutement observées récemment sur nos métiers…
L’EDITO
Liquidité, Transformation, Impact…
Liquide, tel est le marché de l’emploi de la finance hexagonale. Le dynamisme de place est revenu, les temps changent, Brexit, PGE et abondance de liquidités, conséquences du changement climatique, de la Covid, autant de sources d’investissements et de projets de transformation qui, corrélés à la volonté de tout un chacun d’entreprendre et se réaliser, se répercutent sur le marché de l’emploi.
Transformation, un état de fait, tant repenser les modèles et accompagner les mutations économiques et sociétales s’imposent aux entreprises.
Impact, le nouveau défi de la place financière parisienne en quête de leadership en ce domaine.
Tous les acteurs économiques font face à une problématique de recrutement avec un marché de candidats sur certains métiers (M&A, opérateurs de marché, financement, private equity, CFO spécialisés…), aux entreprises de s’adapter et de témoigner de valeur ajoutée et d’innovation, en lien avec les aspirations individuelles et les attendus sociétaux.
La rémunération, si elle reste parfois déterminante n’est fréquemment plus, pour des candidats avant tout en quête de projets dynamisants mais également de sens et d’équilibre personnel, le principal moteur à la mobilité. Un patchwork avec lequel il faut composer…
Entre des acteurs économiques en transformation, reflet d’une scène décomplexée et ambitieuse, et des salariés revigorés, souvent impatients, réalisateurs et exigeants, le terrain d’entente est parfois difficile à appréhender. Redéfinir forme et contenu est l’un des enjeux qui incombent autant aux dirigeants qu’aux DRH.
Quant à nous, professionnels du recrutement, plus que jamais nous sommes le lien indéfectible entre ces parties…
Belle fin d’année à tous.
Denis Marcadet
CORPORATE (Large & Mid Caps)
L’activité est restée très soutenue sur les profils de DAF/CFO et sur les Directions du Contrôle de gestion. Les contextes et enjeux spécifiques sont diversifiés et peuvent concerner des sujets comme : les redéploiements d’activité, les extensions de périmètres, les développements de nouveaux produits ou marchés, les acquisitions externes ou création de filiales, les opérations spécifiques style LBO ou IPO, la création et/ou le pilotage des indicateurs de la performance extra financière…
Les mois passés se sont parfois traduits par des projets de ruptures ou d’évolutions de modèles qui tous ont des impacts profonds en termes de conduite de changement. C’est pourquoi les directions générales attendent du DAF des qualités managériales, de communication, de conviction et de pédagogie tant vis-à-vis de l’extérieur qu’auprès des collaborateurs internes.
Les profils recherchés se concentrent toujours sur des compétences solides, habitués aux négociations qui peuvent se tendre à certains moments. Ceci explique que contrairement à d’autres fonctions il est positionné sur un marché qui reste actif avec des opportunités très variées auprès de grands groupes, ETI ou participations Midcaps de fonds PE.
On assiste sur des sujets plus complexes (LBO à gérer/restructurer, IPO à préparer et piloter, contexte international…) à des salaires fixes qui augmentent avec des variables pouvant aller jusqu’à 50%, plus des LTI (long term incentives) en actions à réaliser lors des sorties en IPO ou LBO, ce qui peut représenter des sommes très conséquentes.
ASSET MANAGEMENT / PRIVATE BANKING
- ASSET MANAGEMENT
Toutes les équipes dirigeantes sont confrontées à des thématiques de transformation et de restructuration. Les petites sociétés de gestion (actifs inférieurs au milliard) résistent à l’attrait de la cession, et, en recherche d’un nouveau souffle, sont en quête de profils entrepreneurs.
Cette année est marquée par le retour d’une grande fluidité pour les recrutements des commerciaux, toutes séniorités confondues. ‘’Dragués‘’ par les acteurs du non-coté (immobilier et PE), de la nouvelle manne des crypto-monnaies et des produits structurés, ces derniers choisissent stratégiquement de rejoindre les sociétés de gestion novatrices où les flux abondent ; en parallèle quelques nouveaux acteurs étrangers s’installent. Des postes se libèrent ainsi en gestion traditionnelle ; les performances sont bonnes et la collecte est au rdv.
Le développement à l’international reste un axe majeur qui implique de renforcer les équipes avec des profils multiculturels tant dans les domaines du commercial, marketing qu’en Ingénierie produits. Cela devient un atout majeur pour être différentiant vis-à-vis du client institutionnel étranger.
Le profil trilingue anglais/français/allemand connait une forte inflation.
La gestion thématique et l’ESG restent au cœur des recrutements dans les équipes d’investissement.
- PRIVATE BANKING
Un dernier semestre marqué par des phénomènes de concentration, de mutation, de changement de stratégie, de préparation de fusion qui se poursuivent. En parallèle, les banques privées et les CGPI s’arrachent toujours les sociétés et les portefeuilles de clients qualitatifs en vente pour atteindre les tailles critiques et augmenter leur part de marché.
En résulte une grande prudence chez les candidats qui favorisent la sécurité de leur organisation même s’ils en pointent du doigt les lourdeurs et la prédominance de la rentabilité au détriment du conseil client ; les packages attractifs proposés ne sont plus suffisants pour convaincre. Plus que jamais la qualité des projets et des hommes fait la différence.
On observe un regain de dynamisme dans le recrutement au sein des banques familiales qui ont le sentiment de pouvoir tirer leur épingle du jeu en mettant en avant leur agilité et leurs valeurs : investissements ou redéploiement, création de poste, renforcement d’équipes.
Les postes de management liés au Business Development et au positionnement des marques se distinguent : développement, animation, marketing, communication & digitalisation.
La collecte est bonne cette année, les banquiers privés ont des attentes salariales fortes.
BFI – FINANCE DE MARCHES
Paris est devenue l’un des marchés de l’emploi les plus recherchés en Europe pour les professionnels de la finance. Les banques anglo-saxonnes y renforcent leurs opérations à Paris depuis le Brexit et les BFI réadaptent leurs structures et leurs grilles de salaire.
Et ce n’est que le début.
Cela créé un écosystème financier complet qui attire de nouveaux investisseurs et d’autres institutions financières. Les Hedge Funds, les gestionnaires d’actifs et d’autres prestataires de services financiers cherchent également à en faire partie.
Des Marchés de Capitaux dynamiques
La place parisienne devient la place de Référence de la zone EU et coche toutes les cases :
Sur les Marchés boursiers : Euronext, bourse paneuropéenne est leader des marchés boursiers de l’UE. Coté Marchés obligataires : Paris représente le plus grand marché européen des obligations d’entreprises, avec 49% de part de marché ;
Sur les Dérivés, l’Hexagone n’est pas en reste puisque qu’il tient la place de leader européen sur les actions, taux d’intérêts et devises, et ce loin devant Francfort ;
Concernant les Titres d’État : le marché français est l’un des plus profonds, liquides et sécurisés des marchés souverains en euros.
Si l’on raisonne « Cross Assets » dans la plupart des banques, les directives claires de la BCE ont davantage concerné le Fixed Income que les Equity. Ceci a mécaniquement engendré des rapatriements importants de Londres sur cette classe d’actifs et un nombre significatif de besoins émergeants aussi bien au niveau Flux que Solutions.
Avoir une approche Clients ou approche Produits reste une question complexe, au cœur des débats, et directement corrélée à la stratégie Groupe globale de chaque entité. Surtout dans les pôles de Vente. Une expertise marquée entre les différents experts de la banque, n’exclut plus l’existence de profils « hybrides », capables de répondre à la fois à des demandes standards ou complexes, nécessitant des produits structurés.
Coté Trading, certains talents Londoniens n’ayant pas suivi leur employeur en France, ont préféré rejoindre des Hedges Funds qui recrutent au UK. Les Banques Américaines complètent donc leurs équipes en chassant localement dans les banques Françaises, qui ont souvent du mal à s’aligner sur les rémunérations proposées.
Les équipes de Recherche restent très demandeuses de profils d’ingénieurs quantitatifs, ayant une connaissance multi-produits, afin de couvrir les Hedge Funds qui s’installent… aussi.
Les zones de croissance se situent désormais au niveau des produits d’investissements Green ou ESG (« Finance verte ») : La France est bien partie, puisque leader mondial à égalité avec la Chine, sur les émissions d’obligations vertes.
M&A
2021 sera un bon cru pour le M&A
En cette fin d’année, la crise du Covid semble loin dans les esprits des banquiers. Le contexte de reprise économique et les très bonnes performances des entreprises expliquent en partie cette tendance accentuée au troisième trimestre de cette année. Les grands groupes, plus confiants voire mieux « éclairés » sur leurs forces et faiblesses, arborent une approche opportuniste et n’hésitent pas à se positionner à l’achat.
Les cédants sont en 2021 plus optimistes sur leurs bonnes capacités à bien/mieux vendre qu’en 2020. La part de plus en plus importante des transactions impliquant des fonds d’investissement, qui ont énormément d’argent à déployer dans un délai de temps contraint contribuent à l’envol des valorisations.
Les secteurs de la Tech. – numérique, communication, média, web – restent actifs, comme celui de la Santé, auxquels s’ajoute ponctuellement le secteur de l’assurance. A noter que la déferlante attendue sur le Restructuring a été et s’annonce plus clémente que prévu.
En corollaire, dans ce contexte euphorique, les banquiers d’affaires sont sous l’eau. Les deals s’exécutent, les pitchs s’enchainent les uns après les autres, sans toujours suffisamment de discrimination, et les jeunes banquiers sont acculés à la tâche. L’année passée chez eux a souvent été mal vécue, certains ont senti une baisse de motivation, se sont posés des questions de fond, de sens, d’envie…
En plus d’une attention particulière, portée par le management, quant au respect d’un équilibre vie privée – vie professionnelle, un effort significatif a été fait, depuis cet été, sur les salaires fixes.
La plupart des BFI anglo-saxonnes et françaises ont revu à la hausse leurs rémunérations, portant ainsi à plus de 20 K€ l’augmentation du fixe annuel. Et ceux qui ne l’ont pas (encore) fait de s’enquérir des nouvelles grilles de salaire des uns et des autres.
Reste à savoir si cette réévaluation ne sera pas compensée par le prochain bonus… Les attentes en la matière sont très élevées et peu de banquiers, quel que soit le niveau de séniorité, prendront le risque de bouger avant leur versement.
L’industrie peine à garder dans la durée ses talents, face aux sirènes des métiers de l’investissement (equity, dette…), hedge funds ou FinTechs.
CORPORATE BANKING
- Côté Financements
La part de la dette privée ne cesse de s’accroître. En parallèle, après une période très dense, notamment suite aux mises en place des PGE, le rythme reste surtout très soutenu dans les équipes de financements structurés et de leverage. Des tensions sont notamment très sensibles dans les départements en charge de financements d’actifs et de projets.
Nous sommes ainsi dans un momentum particulier concernant le domaine des financements Infra, reflet de l’abondance de liquidités sur le marché et des programmes d’investissements majeurs décidés et favorisés (voire sponsorisés) par les gouvernements.
Tous les acteurs clés sont concentrés sur ces nouvelles ambitions en même temps : Banque, Fonds, Asset Manager d’assureur/réassureur, Société de Conseil…). Cela créé une demande renforcée de compétences humaines sur un secteur d’expertise spécifique qui n’est pas extensible rapidement. Ce qui se traduit par une évolution des rémunérations à la hausse.
- Coté Paiements
Une activité toujours aussi dense, positive et très innovante. L’accélération des enjeux omnicanaux impacte tous les acteurs financiers. Les banques restent très concurrencées par les Prestataires de Services de Payments (PSP) dont certains, européens, tirent très bien leur épingle du jeu. Pas toujours facile pour les banquiers de concilier les plateformes ‘’historiques’’ (monétiques ou autres) avec l’agilité nécessaires au déploiement des nouvelles offres de solutions et produits.
En termes de Talents, la demande s’oriente vers des profils plus Marketing et dédiés au Business Développement. De façon plus globale, on assiste à une raréfaction des ressources expertes dans le domaine du paiement dont certaines quittent le secteur bancaire pour répondre aux sirènes des entités/Start up du monde Retail et des PSP. Le programme européen EPI et la suite de la vague IP (Instant Payment) vont nécessiter de nouvelles ressources et contribuer à l’animation du Mercato .
On voit également, au sein de Corporates, l’émergence de postes transversaux de Responsable des paiements souvent rattaché aux CFO/Trésorier mais travaillant étroitement avec le marketing et l’IT.
CONSEIL
Après un début d’année 2021 où les acteurs étaient un peu dans l’expectative, l’activité est repartie sur des rythmes de croissance très soutenus. Le marché du recrutement est de ce fait très tendu, le turnover s’accroissant sous la pression d’offres multiples proposées aux mêmes candidats.
Dans le domaine des services financiers, les budgets sont là, les sujets à adresser nombreux.
Pour l’ensemble des directions clés de la banque et de l’assurance (Finance, Marketing, Distribution…) mais également certains domaines spécifiques comme les Paiements, l’accélération du digital au sens large (robotisation, dématérialisation, digitalisation des parcours client…) et les risques qui y sont associés (fraude, cyber sécurité, sécurisation des data…) restent des pistes importantes de propositions. Les nouvelles modalités d’organisation du travail également.
Les recrutements effectués, nombreux, sont en corrélation.