“Des tuteurs pour les jeunes pousses”
Lors de la dernière rencontre de l’association Frateli, qui parraine des jeunes de milieux défavorisés, le consultant Sylvain Dorget intervient auprès d’une assemblée de parrains et filleuls.
Suivez le lien ci-dessous pour l’intégralité de l’article paru dans le Supplément Diversité du magazine 20 minutes du 16/03/09.
“Des tuteurs pour les jeunes pousses”
Des tuteurs pour les jeunes pousses
Ce jeudi de février, Fabrice Amecia, 18 ans, en prépa HEC à Massy (Essonne) se rend dans les beaux quartiers de Paris pour une soirée Frateli. Cette association, créée en 2004, pilote le parrainage
par de jeunes professionnels d’étudiants de milieux modestes ayant obtenu une mention bien ou très
bien au bac. L’objectif ? Les aider à réussir leur scolarité, à définir leur projet professionnel et à trouver leur premier emploi. En plus de rencontres en face à face, des ateliers où les parrains distillent leurs
conseils sont aussi organisés. Ce soir, vingt-cinq jeunes sont venus assister à l’un d’eux : « La séance est dédiée à l’organisation du travail scolaire et à la préparation d’oraux de concours », explique Laurence
Piccinin, directrice de Frateli.
Bénéficier de l’expérience des aînés
Un cocktail d’accueil permet de briser la glace. Les discussions vont bon train quand la directrice invite
tout ce petit monde à prendre place dans un joli salon de réception. En préambule, Laurence Piccinin rappelle aux jeunes quelques règles afin d’optimiser leur parrainage :
« Vous devez avoir, à minima, un contact avec votre parrain par mois et l’informer de votre actualité. »
Les filleuls sont aussi invités à visiter le site de Frateli pour découvrir les offres de stages et les sorties
proposées (conférences dans des musées, concerts de musique classique…).
18 h 15.
Assis en arc de cercle, les jeunes écoutent les parrains qui se relaient à la tribune. François Andelkovic, directeur associé de l’agence de communication Puma Conseil, ouvre le bal pour préciser
l’aide que peuvent fournir les parrains. « Lesquels d’entre vous sont en prépa ? Vous avez dû avoir vos
résultats de concours blancs ? Vous avez eu de mauvaises notes ? Votre parrain a été découragé comme
vous, il peut vous aider à rebondir », lance-t-il aux jeunes. Car les tuteurs ont généralement fait les mêmes
études que leur filleul, ce qui permet une meilleure alchimie et des conseils adaptés. « On peut aussi
vous mettre en contact avec nos amis qui travaillent dans différents secteurs, afin que vous découvriez
leur métier », suggère-t-il, avant de laisser la parole à Anne-Sophie Cambray, responsable marketing
d’une grande banque.
Du concret, toujours du concret.
La marraine s’applique maintenant à donner aux jeunes des clés pour préparer leurs examens. « Vous devez planifier vos révisions quinze jours à l’avance, vous fixer des objectifs d’apprentissage et ne pas vous coucher après 23 h. » Des conseils de bon sens, que tous les participants, en quête de repères, semblent trouver utiles. Après la méthode de travail, l’oratrice s’attarde désormais sur le moral des troupes : « Ne vous laissez pas impressionner par la réputation d’une école. Les gens qui réussissent sont d’une banalité à pleurer. » Des mots rassurants pour combattre le complexe d’infériorité et l’autocensure bien répandus chez ces jeunes.
Des échanges fructueux
L’heure tourne, c’est désormais à Sylvain Dorget, chasseur de têtes chez Vendôme Associés, de distiller des conseils pour réussir ses oraux ou entretiens. Grands gestes, phrases chocs, il crée tout de suite une
connivence avec son public. « Evitez les “ouais” et “euh” qui vous feront passer pour un attardé », glisse-t-il. Les rires fusent. Pour rendre sa présentation interactive, Sylvain Dorget fait participer son public :
« Si un recruteur te demande quel est ton principal défaut, que lui répondras-tu ? »,lance-t-il à un jeune.
« Que je suis bordélique », répond le filleul. « Tu ne peux pas le formuler ainsi. Tu n’as qu’à dire « mon sens de l’organisation est à parfaire », suggère Sylvain Dorget.
La richesse des tandems
19 h 45. L’atelier prend fin. Les bavardages continuent autour d’un verre. « La prépa, c’est dur et chez
moi, personne ne peut m’aider. Ma marraine est un vrai soutien », explique Sandra Rodriguez, « coachée » depuis juillet par Anne-Sophie Cambray. « Je lui apprends les codes sociaux et lui inculque des règles d’hygiène de vie pour l’aider à gravir plus vite les marches de la société. Ça me va bien de jouer le rôle d’escalier ! », résume la jeune cadre. « Mon parrain m’ouvre son carnet d’adresses, c’est utile pour trouver des stages », relève de son côté Charlotte Chan, élève à Sciences-Po.
20 h. Une quinzaine de jeunes suivent Laurence Piccinin à la salle Cortot où ils finiront la soirée en
écoutant Beethoven…
Delphine Bancaud