Le capital-investissement attire les talents
Le private equity avec son carried interest et ses équipes réduites continue d’exercer un charme indéniable auprès des cadres.
En matière de ressources humaines, il existe une porosité entre la banque d’investissement, le private equity et les acteurs du corporate depuis la chute de Lehman Brothers. L’impact de la crise financière de 2008-2009 sur les emplois financiers a été profond. Alors que de nouveaux métiers se vouent à forte consonance réglementaire apparaissent dans la banque d’investissement et de financement, attirer des professionnels n’est pas simple. Le private equity, par ses rémunérations transparentes, semble présenter plus d’intérêt pour les entreprises, une mise à niveau salariale progressive. « Sensible, depuis une dizaine d’années, aux attentes des talents, le private equity continue d’offrir une attractivité importante, que ce soit en termes de rémunérations ou de perspective de progression, » analyse Denis Marcadet, président du cabinet Vendôme Associés, cabinet spécialisé en ressources humaines pour la finance.
BIEN REMUNERER
Le private equity, l’attractivité des rémunérations dans le private equity ne faiblit pas. Un collaborateur avec dix ans d’expérience peut ainsi espérer percevoir, dans un fonds small cap, entre 65 à 70 K€ en fixe et 20 à 30 % en variable. Dans un fonds large cap, cela peut monter à 80-90 K€ et 50 % en bonus. Cependant, l’argent ne fait pas tout. L’entourage, l’environnement de travail et la capacité des collaborateurs à évoluer sur le long terme, à voir leurs responsabilités croître, sont des éléments essentiels. Selon Jérôme Hatchuel, « Dans ce secteur hautement compétitif, la capacité des entreprises à transmettre leur culture interne et à maintenir un environnement de travail sain devient clé. »
En matière de ressources humaines, il existe une porosité entre la banque d’investissement, le private equity et les acteurs du corporate depuis la chute de Lehman Brothers.« L’impact de la crise financière de 2008-2009 sur les emplois financiers a été profond. Alors que de nouveaux métiers souvent à forte consonance réglementaire apparaissent, la banque d’investissement et de financement irrigue de ses professionnels l’asset management, le private equity et l’univers de l’entreprise. En parallèle, on assiste, particulièrement pour les entreprises, à une mise à niveau salariale progressive. S’ensuit, depuis, une fluidité des talents entre ces acteurs », analyse Denis Marcadet, président et fondateur de Vendôme Associés, cabinet de chasse de têtes spécialisé dans la finance.
SOIGNER L’ACCUEIL
Tout commence, il est vrai, lors du processus de recrutement. « Nous encourageons nos clients à privilégier un processus au tempo élevé. Au lieu de faire venir dix fois un ou une candidat(e), nous préconisons d’organiser quatre interviews où plusieurs salariés de la société à l’initiative du recrutement interagiront avec ce talent », conseille Geoffrey Baudeux, partner Financial Services, au sein du cabinet Lincoln.
L’étape suivante, l’onboarding des recrues, doit être soignée, si l’on souhaite les fidéliser. « Pendant la première semaine d’intégration, nous invitons les nouveaux collaborateurs à rencontrer un co-head de chacune des activités du groupe afin qu’ils apprennent ce que font les autres équipes, et ainsi favoriser la création de synergies», décrit Silvia Alvarez, responsable RH chez Raise. De son côté, Karista accueillera bientôt un nouveau partner. Un profil senior basé au Portugal qui participera au déploiement de Karista V, en phase de closing. « Nous avons eu le temps de faire connaissance. Cela fait deux ans qu’il participe à la structuration de ce nouveau fonds», explique Olivier Dubuisson, CEO et managing partner de Karista.
STABILITE DES EQUIPES D’INVESTISSEMENT EN 2025
L’intégration de l’ESG dans les critères d’investissement a amené les GPs à étoffer leurs rangs. Cela est d’autant plus vrai pour les plateformes multistratégies. « Nous avons procédé à un renforcement de nos équipes de back et middle-office l’an passé pour répondre à l’accroissement de la pression réglementaire sur nos différentes lignes d’investissement et accompagner l’essor des thématiques ESG de nos sociétés sous gestion », confirme Alexandra Dupont, co-head de Raise Invest, membre du comex et sponsor RH. C’est sans doute dans ces fonctions support que le recrutement devrait se montrer le plus dynamique au cours des prochains mois puisqu’un certain nombre de fonds doivent encore se structurer en la matière. « Globalement, les équipes d’investissement devraient demeurer stables en 2025, sauf dans les cas de créations de sociétés de gestion. En revanche, les fonctions support ou axées sur la création de valeur comme celles d’operating partner et de relations investisseurs devraient alimenter le marché RH en finance », prévoit Françoise Fiorentino, partner au sein du cabinet Vendôme Associés.
E. D.
Article de Emmanuelle Serrano – LesEchos Capital Finance 25/11/24