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Le marché de l’emploi dans la gestion d’actifs enregistre des frémissements positifs

Dans un entretien à Newsmanagers, Carlos Gravato, consultant au sein du cabinet de recrutement Vendôme Associés, fait le point sur le marché de l’emploi dans la gestion d’actifs, lequel redémarre doucement. Il constate notamment que les Français sont très prisés pour travailler dans les ETF et les dérivés.

 le 04/10/2010

NM : Quelle est la situation du marché l’emploi dans la gestion d’actifs après la crise?

Carlos Gravato: Côté gestion institutionnelle, le marché repart sur certains métiers assez précis comme la gestion obligataire. En revanche, il y a des domaines qui restent très sinistrés comme la multigestion parce que les clients – qu’ils soient institutionnels ou privés – ne comprennent pas pourquoi la performance des fonds de fonds est inférieure à celle des sous-jacents et sont refroidis par un système de rémunération assez opaque présentant des coûts fixes très élevés. Ce désamour concerne aussi bien la multigestion traditionnelle que la multigestion alternative.

Dans la gestion privée, quelques maisons ont connu des difficultés et ont été rachetées, ce qui a provoqué un rétrécissement du nombre de «players». Mais d’autres s’en sont très bien sorties et ont augmenté leurs actifs au détriment des grands établissements. Elles se sont adaptées plus vite à la nouvelle situation conjoncturelle et on recruté des banquiers privés ayant déjà un portefeuille de clients ainsi que des gérants confirmés.

En bref, le marché de l’emploi recommence à avoir des frémissements positifs, mais sur des segments bien définis. On remarque par ailleurs, d’une manière générale, que les recrutements sont très lents et que la mobilité est inférieure à ce qu’elle était avant la crise.

 NM : En matière de gestion, n’y a-t-il pas de recrutements sur la classe d’actifs marchés émergents?

C. G. : Pas vraiment, car les marchés émergents sont de plus en plus traités hors de France. Pour l’Europe de l’Est, les centres de compétence sont à Londres, tandis que pour l’Amérique latine et centrale, c’est à New York que se trouvent les équipes. Quelques grandes maisons ou petites structures spécialisées travaillent néanmoins encore les marchés émergents depuis Paris.

NM : Quelle est la spécialisation de Paris ?

C. G. : Les ETF (exchange-traded funds) et les dérivés. En effet, la formation mathématique des étudiants français en fait des candidats idéaux pour travailler sur ces deux produits, souvent complexes. Même dans les marchés anglo-saxons, beaucoup de maisons ayant une activité importante dans le domaine des trackers et des dérivés font appel à des Français.

On peut remarquer que les centres européens dans le domaine de la gestion sont particulièrement actifs à Londres et à Genève (pour la gestion privée).

 NM : Côté commercial, quelles sont les évolutions en termes de métier?

C. G. : Nous voyons se développer de plus en plus deux nouveaux métiers assez complémentaires: les spécialistes produits (“product specialists”) et les “relationship managers”.
Les premiers sont des personnes qui connaissent bien les produits, souvent complexes, et qui vont les expliquer aux clients, existants ou potentiels, sans forcément les vendre directement. Les “relationship managers” gèrent quant à eux la relation avec les clients, et leur proposent des produits en fonction de leur appétence, de leurs contraintes, de leur type de gestion. Ils ont un rôle didactique et d’accompagnement très important, notamment en période de crise. Ces deux métiers sont néanmoins très dépendants de la conjoncture; de plus, toutes les sociétés n’ont pas les moyens d’avoir ces deux profils.

On assiste également à une spécialisation des commerciaux. Ils ne vendent plus du générique mais se sont spécialisés. Beaucoup d’entre eux viennent de la gestion et sont désormais intégrés à l’équipe de gestion et non plus à l’équipe marketing.

 NM: Comment la rémunération a évolué dans la gestion d’actifs?

C. G. : Il y a trois niveaux de rémunération: un fixe qui n’a pas beaucoup changé, un intéressement lié à la performance des fonds et un intéressement lié au collectif (équipe, maison…). On peut constater que quelques établissements de gestion ont pu augmenter les salaires fixes afin de limiter l’impact du plafonnement des bonus. Mais d’une manière générale, le secteur de la gestion d’actifs n’a pas trop souffert du tour de vis dans les bonus qui a eu lieu dans la banque d’investissement qui a toujours eu des rémunérations bien supérieures.

 NM: Constatez-vous l’arrivée de nouvelles sociétés étrangères en France?

C. G. : Les banques privées suisses sont aujourd’hui très actives en France. Certaines s’apprêtent d’ailleurs à s’implanter de manière assez agressive dans le pays. Mais d’une manière générale, les sociétés financières étrangères, notamment dans le domaine de la gestion, sont assez frileuses. Lorsqu’elles choisissent de venir en France, elles le font avec prudence, en passant par exemple par un “third party marketer”. Inversement très peu de sociétés financières françaises indépendantes s’implantent à l’étranger !

Article paru dans l’AGEFI.

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