Bonjour à toutes et à tous ! Nous avons le plaisir d’accueillir Denis Marcadet, président et fondateur de Vendôme Associés, cabinet de recrutement indépendant.
Bonjour à toutes et à tous.
Chen : Comment pensez-vous que le marché de l’emploi en finance va évoluer d’ici la fin de l’année ?
C’est difficile car je ne suis pas un devin. Le marché de la finance est un marché très vaste. Du côté bancaire que nous maîtrisons plus particulièrement, on peut constater une légère amélioration mais d’une façon générale, les perspectives restent à la prudence.
DL : La finance de marché est-elle devenue complètement bouchée ? Cela fait des mois que c’est la galère… Vers quels autres secteurs peut-on se tourner quand on a une casquette bancaire, économique et financière ?
C’est vrai que la finance de marché a connu des mois difficiles surtout sur les activités de trading compte propre, mais ceci étant, d’autres métiers ont bien fonctionné comme le fixed income, les métiers d’intermédiation, certains de la vente, ou depuis le début de l’année l’ECM. Non, la finance de marché n’est pas bouchée, il y a eu un fort ralentissement, mais selon les sous-jacents, nous avons de bonnes raisons d’être optimistes.
Marie : Que conseillez-vous à un professionnel du front (trader, sales, structureur) qui perdrait son emploi ? travailler en middle ? en finance corporate ?
Tout dépend déjà de sa séniorité sur la ligne métier : un trader expérimenté peut parfaitement évoluer vers une activité de risque marché, les sales peuvent utiliser leurs connaissances d’un fonds de commerce pour aller vers d’autres métiers à la marge (vers les institutionnels notamment) et plus généralement pour tous les acteurs du front-office dans cette situation de non-emploi, il faut étudier le passage vers des fonctions supports, notamment contrôle, de middle-office, de portfolio et ne pas écarter les corporate en acceptant les révisions salariales qui s’imposent.
Lachat : Quels sont les secteurs qui vont continuer à être demandeurs ? Toujours les risques ou retour sur le trading ?
Il y a eu un important investissement sur les risques qu’ils soient de marché, de contrepartie ou opérationnels. Cet investissement n’est pas terminé, les activités de front-office sont en restructuration et n’ont pas dit leur dernier mot, en lien avec les évolutions des organisations.
Hélène : Chez Vendôme Associés, quels sont les clients qui vous confient des missions de recrutement actuellement ?
Nous sommes spécialisés sur les métiers de la banque de financement et d’investissement et d’asset management. Actuellement, nous recherchons des profils seniors notamment dans les risques management, mais également dans certains métiers du corporate finance. Nos clients sont des institutions françaises et étrangères.
Frutzy : À 38 ans, est-on encore intéressant pour les banques qui se réorganisent ? J’ai le sentiment que les banques françaises préfèrent un senior encadrant des juniors pour raisons financières. Qu’en pensez-vous ?
Heureusement qu’à 38 ans tous les espoirs sont permis. Il est vrai qu’avec la crise, le volume d’embauches a diminué mais les emplois offerts concernent principalement des personnes expérimentées. Vous concernant, ne sachant pas sur quel métier vous évoluez, il m’est difficile d’aller au-delà.
Frutzy : J’encadre une équipe de montage produits equity.
Votre candidature peut nous intéresser. Toutefois, il est important pour les candidats de parfaitement appréhender que les rémunérations qui sont allouées aux différents postes sont aujourd’hui encadrées et que les disparités que nous avons connues depuis les années 1990 sont bien closes. Très souvent, des candidats seniors répondent positivement aux critères mais se bloquent sur les aspects de rémunérations.
Walter9087 : Est-ce qu’il y a des pays européens où le marché de l’emploi est plus dynamique ? Notez-vous des différences entre Londres et Paris par exemple ?
Nadine : Assistez-vous à une recrudescence des candidats en provenance de La City ?
On a eu le sentiment que Paris a été moins violemment impactée que Londres en termes de licenciements, les banques françaises notamment ont sauvegardé leur effectif. Curieusement, nous avons constaté un afflux de candidats étrangers, qui exprimaient le sentiment que la place de Paris était plus préservée.
Julius : La gestion de patrimoine au sein des banques est-elle dynamique en termes de recrutement ?
Elle l’a été, elle l’est moins actuellement, seuls les gérants pouvant se prévaloir d’un important fonds de commerce sont sollicités. Pour les plus jeunes, le marché reste difficile.
Arnaud : Les candidats disposent-ils encore d’une marge pour négocier leur salaire fixe, à défaut des bonus ?
Frutzy : Y a-t-il encore un avenir pour les rémunérations variables attractives ou est-on entré dans un système anti-rémunération au mérite ? La France est-elle plus touchée que l’Angleterre ou l’Asie ?
On assiste, depuis ces dernières années, à un resserrement des fourchettes de rémunération fixe quels que soient l’ancienneté dans la ligne métier et le secteur au sein de la banque concernée. Mais il y aura toujours pour les candidats de grande qualité, la possibilité d’une marge de négociation. Elle est simplement plus resserrée aujourd’hui.
Ursule : D’après votre expérience, vous souvenez-vous d’avoir traversé des périodes similaires ? Si oui, quand était-ce ? Merci.
Je n’ai pas connu, malgré ma jeunesse, de crise de si grande ampleur. Toutefois, j’ai en mémoire des années difficiles en 1992-1993, ainsi que la fin de la décennie 1990 au moment des crises russes et asiatiques, et enfin plus récemment après les événements du 11 septembre 2001. Mais, cette fois, il s’agit d’une crise économique et financière, qui touche tous les marchés, toutes les zones géographiques et tous les acteurs en même temps. C’est donc plus compliqué !
Jack : Trader pendant 5 ans, me conseillez-vous de m’orienter vers la gestion du risque ? De quelle manière ?
Si vous avez été sur le trading exotique ou dérivés, ma réponse est oui.
Bamba : Qu’en est-il pour les auditeurs juniors ayant évolué dans le secteur de la banque ? Quelle stratégie préconisez-vous ?
L’audit est une excellente école de formation, tout dépend si vous avez évolué comme auditeur généraliste ou si vous avez été spécialisé sur une classe d’actifs. Il est alors aisé, après 3 à 5 ans d’audit, de passer sur un poste opérationnel.
Tim : Y a-t-il des postes à pourvoir en M&A ? Pour quel profil ?
Le marché est loin d’être liquide, mais on enregistre un certain regain et notamment sur le secteur des institutions financières, qui plus est, à côté des grands établissements bancaires, certaines boutiques cherchent également à renforcer leurs effectifs. Toutefois, cela reste des chasses ponctuelles, il n’y a pas de vague de fond.
Pellard Vincent : Y a-t-il des entreprises qui recrutent dans le domaine de la communication financière ?
C’est un marché à la fois très convoité et très fermé, à ma connaissance, il n’y a pas de recherche ouvertement exprimée.
Em : Après 1 an d’alternance en audit et 2 ans en private equity en stage puis CDD, il m’est impossible de trouver un emploi en CDI en private equity. Que me conseillez-vous en attendant que des postes s’ouvrent de nouveau ?
Vous avez pourtant une bonne formation ; outre le fait de nous envoyer votre CV et selon vos capacités financières personnelles, je vous suggérerais le cas échéant de faire un MBA. Dans le cas contraire, n’hésitez pas à regarder du côté corporate dans une direction financière ou du développement, ou à candidater auprès des pôles transaction services des cabinets de conseil. Vous pourrez, après 2 ans dans ces activités, revenir au private equity si c’est toujours votre souhait.
Béatrice : Diplômée bac + 4 en finance à Londres, me conseillez-vous de faire un master pour pouvoir trouver plus facilement un travail en France ? Il semble qu’en France, les diplômes ouvrent plus de portes que l’expérience ? Est-ce une fausse idée ?
Je traduis que vous êtes débutante, il est vrai qu’en France, la clé d’entrée est souvent un bac + 5, donc eu égard à votre jeune âge et à votre enthousiasme, n’hésitez pas à investir dans une année d’étude supplémentaire.
DD : L’assurance est-elle un secteur qui recrute davantage que la banque ? Et si oui, dans quels métiers et/ou missions ?
Nous intervenons plus particulièrement sur les métiers financiers du secteur de l’assurance, ou des fonctions de management transversales. Je n’ai vraiment pas le sentiment que sur ces activités, le marché soit liquide.
Béatrice : Je ne suis pas débutante, j’ai 9 ans d’expérience à La City mais j’ai l’impression qu’il faut avoir au moins bac + 5 pour être recruté ?
Non, dans ce cas-là, Béatrice, vous avez raison d’être optimiste. Le marché français est ouvert aux gens d’expérience. Tout dépend du métier sur lequel vous êtes spécialisée, envoyez-nous votre CV.
Esteban : Comment se déroule un recrutement via Vendôme associés ?
Vendôme Associés a toujours un contrat d’exclusivité avec ses clients. Dans le cadre d’un recrutement, vous aurez affaire dans un premier temps au téléphone à une chargée de recherche spécialisée métier, puis ensuite, vous aurez rendez-vous avec un consultant, lui-même issu du monde financier. Si votre candidature est retenue, vous irez rencontrer le client. Vendôme Associés vous accompagne dans toutes les phases du recrutement jusqu’à votre embauche qu’il vous aide à finaliser et votre intégration dans l’entreprise.
Jugu : Avez-vous des clients étrangers et si oui, comment les profils français sont-ils perçus actuellement ?
Oui, nous avons des clients étrangers, la finance est un marché mondial, particulièrement dans le domaine de la BFI, et la géographie est de moins en moins un critère discriminant, la ligne métier et le savoir-faire acquis priment sur la géographie.
Béatrice : Êtes-vous présents partout en France au niveau du recrutement ?
Notre clientèle est presque exclusivement basée à Paris, mais il nous arrive d’avoir des opportunités dans les grandes métropoles. Les banques d’affaires, les fonds d’investissement, les asset managers et les pôles décisionnels de la banque de détail sont basés à Paris.
Alexandre : Bonjour, je suis diplômé depuis 1 an en gestion des risques et des actifs, et j’ai cumulé 2 fois 6 mois d’expérience professionnelle, notamment en tant que product controler exotic equity derivatives. Je me demande quelle est la meilleure stratégie à adopter pour retrouver un emploi : j’avais pensé partir à Londres, ou implémenter chaque mois mon CV de nouveaux objectifs techniques accomplis (réalisation de pricers sous VBA, obtention du TOEIC, etc.) ?
J’imagine que vous avez déjà contacté les directions de risque des marchés des principales institutions financières de la place de Paris. N’écartez pas également certaines sociétés de conseil qui peuvent vous détacher pendant plusieurs mois au sein des directions des risques, un moyen de se faire reconnaître et, par la suite, de se faire embaucher. Je ne pense pas que ce soit plus aisé aujourd’hui à Londres. Je vous suggère de nous envoyer votre CV pour qu’on regarde ça de plus près.
Le consultant : Après 5 ans de conseil en stratégie, je souhaite évoluer vers le private equity, mais actuellement cela me semble impossible. Par quelle étape intermédiaire pourrais-je passer pour acquérir de bonnes compétences financières, en attendant que le marché reparte ?
C’est effectivement plus compliqué actuellement mais ce n’est pas non plus définitivement fermé. Je n’oserai dire que la sélection est très pointue et que la personnalité joue un rôle clé. Pourquoi ne pas patienter quelques mois supplémentaires au sein de votre entreprise en attendant des jours meilleurs ? Sinon, si ce n’est déjà fait, quid d’un MBA ?
Dubernet : Pensez-vous qu’il y ait de la place pour les pseudo-seniors, c’est-à-dire entre 45 et 50 ans ? L’expérience nous l’avons, par contre nous sommes chers, et soit disant peu adaptables…
Touazi : L’âge est-il un point sélectif des recrutements ?
L’âge est plutôt un avantage dans la période actuelle, par contre votre question est trop ouverte pour que je puisse penser au bien-fondé d’une affectation. Sur quel métier êtes-vous ?
SG : L’opprobre jeté sur les banques vous semble-t-il justifié ? Comment doit-on réagir sur ces questions-là en entretien ?
Je déplore le fait qu’on ait jeté les banques à la vindicte populaire. En aucun cas, les procès d’intention gratuits que l’on a pu entendre ne sont justifiés. Soyez fiers de votre parcours professionnel bancaire.
Pellard Vincent : L’analyse financière est-elle un secteur qui bouge ou faut-il repartir vers le réseau commercial pour trouver un job ?
L’analyse financière ouvre de nombreuses portes, c’est un peu comme l’audit, une base éducative en finance. Tout dépend dans quel secteur vous évoluez : analyse crédit, analyse obligataire, analyse equity (sell side, buy side) ?
Houth Didier : Quand on ne parle pas bien l’anglais, qu’on n’est pas informaticien, ni commercial, avec une formation supérieure en banque et RH à 46 ans, y a-t-il un espace professionnel ?
Il y a toujours un espace professionnel pour un bon RH quel que soit l’âge. L’anglais est aujourd’hui requis pour les activités de BFI et bien évidement toutes les filiales de sociétés étrangères en France. Il reste de l’espace notamment auprès d’institutionnels comme certains assureurs, mutuelles, filiales, entités opérationnelles de sociétés importantes… Dans les grands groupes, la fonction RH est de plus en plus organisée par type d’activités (relation sociale, compensation, benefits, GPEC, etc.). Si vous êtes généraliste et que vous n’avez pas de spécialité marquante dans le domaine RH, il me semble difficile d’aller frapper à la porte de ces acteurs.
Frutzy : Un candidat actuellement dans une entreprise / société financière française ou étrangère en difficulté n’est-il pas un désavantage pour vous lors de la sélection ou la présentation d’un candidat ?
Non, absolument pas, nous sommes dans un marché ouvert, le chômage comme le fait que l’entreprise soit en difficulté fait partie du quotidien du marché de l’emploi.
Alexandre : Vous disiez tout à l’heure que Paris était moins impactée que Londres. La raison est-elle selon vous (A) le coût financier dissuasif de plans de licenciements importants, (B) le coût politique / médiatique notamment après des aides consenties par l’État, (C) une meilleure santé relative des banques françaises ? Pensez-vous, enfin, que les emplois de la place parisienne pourraient être ponctionnés avec un temps de retard ?
Le marché de l’emploi en France n’est pas régulé selon les mêmes règles que le marché londonien, cela coûte beaucoup plus cher de remercier quelqu’un en France. La mise à niveau parisienne quant à l’emploi bancaire peut n’être pas terminée.
Pellard Vincent : Un jeune diplômé en ingénierie financière peut-il être un profil qui intéresse vos partenaires ?
Vendôme ne recrute pas de débutants, nous sommes chasseurs de têtes et nous nous adressons à des profils expérimentés. Les profils juniors font l’objet d’une procédure très normée à l’intérieur des établissements de la place.
Isabelle J : Chez Vendôme, suivez-vous les candidats une fois en poste ?
Oui, nous suivons pendant leur intégration les candidats que nous avons recrutés, et comme nous avons beaucoup d’empathie, nous continuons à les ennuyer après !
Frutzy : Vos clients ont-ils encore envie de se développer à l’étranger ou ont-ils décidé d’y réduire la voilure pour se recentrer sur la France (même question pour les sociétés non françaises) ?
Nous partageons avec nos clients des valeurs communes comme l’entreprenariat. Donc nous poursuivons tous notre développement !
Bouly : Cette discussion est très intéressante. Je sais que vous n’êtes pas devin, mais vous êtes à un poste d’observation privilégié. Comment voyez-vous les prochains mois ?
Gt : Vous attendez-vous à de nouveaux soubresauts sur le marché de l’emploi dans les semaines à venir ?
Nous sommes par essence optimistes, chaque crise doit permettre de générer de la créativité notamment en matière d’emploi, c’est l’occasion pour toutes les parties prenantes d’appréhender les flexibilités, et les règles de marché. Comme je l’ai dit, dans des moments de tension, il y a toujours de la place pour des candidats de valeur. Il faut savoir faire le dos rond, rester flexible et pragmatique car le marché, par essence, devra bientôt repartir. Nous sommes en pleine théorie des cycles.
Un mot de conclusion ?
Merci à tous pour l’attention, je ne peux que vous encourager à rester optimistes. Soyez conscients que l’on ne va pas vous acheter pour ce que vous avez envie d’être, ce qui suppose de la part de tous, de l’adaptabilité de la flexibilité (métier, salaire, comportement) et bien sûr de l’enthousiasme. Bonne chance à vous.
Merci à toutes et à tous pour vos nombreuses questions.