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Négocier la hausse du salaire fixe n’est plus tabou

Agefi Hebdo

Cinq chasseurs de têtes ont livré à L’Agefi Hebdo leur sentiment sur le marché français de l’emploi dans la finance, les profils recherchés et les rémunérations.

Par Soraya Haquani le 18/09/2014

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L’Agefi Hebdo – Le recrutement montre-t-il un redémarrage dans les métiers de la banque de financement et d’investissement (BFI) ?

Nadia Tortel (Singer & Hamilton) – En qui concerne les métiers de front-office de la BFI, ils sont de moins en moins présents à Paris. Les règles d’encadrement des rémunérations expliquent une partie de ce phénomène. Nous avons surtout travaillé sur des sujets de high yield (haut rendement, NDLR). Dans cette activité, la place financière la plus dynamique en Europe est Londres. Aujourd’hui, la majorité des activités de trading des BFI sont situées au Royaume-Uni. Danielle Nassif (Kienbaum Consultants International) – Nous avons conduit un certain nombre de missions en BFI depuis le début de l’année, mais il est vrai que le centre de gravité de ces activités s’est déplacé à Londres, y compris pour les recrutements des grandes banques de l’Hexagone. Néanmoins, certaines BFI étrangères continuent de montrer un intérêt pour le marché français. Les fonctions de coverage (couverture des grands clients) sont toujours les premières à être recherchées. Nous intervenons de plus en plus pour le compte de structures de taille moyenne, indépendantes, innovantes, dynamiques qui ne sont pas en mesure d’attendre pour pourvoir un poste, voire plusieurs. Les processus y sont beaucoup plus fluides parce que les circuits de décision sont plus courts. Parmi elles, des boutiques de fusions-acquisitions, des fonds de capital-investissement… Denis Marcadet (Vendôme Associés) – Après une période marquée, pour la BFI, par les plans sociaux et les reconfigurations/transferts d’activités, des opportunités apparaissent mais on ne peut véritablement parler de redémarrage. Outre les fonctions de risque/contrôle/conformité et de spécialistes informatiques (notamment d’architectes) où des opportunités existent, nous sommes, pour les autres fonctions, notamment de front-office, sur des besoins au cas par cas. Ne sont recherchés que les profils expérimentés. Ces recherches s’accompagnent en amont pour le chasseur d’un travail d’investigation qui va bien au-delà de la simple identification des équipes. Notre modèle économique change avec une dimension de conseil stratégique plus prégnante et le partenariat étroit avec l’entreprise est plus que jamais fondamental. Thierry Carlier-Lacour (Traditions & Associés Executive Search Consultants) – En BFI, certains acteurs, notamment des pays émergents, nous ont consultés. Ils manifestaient un intérêt pour le territoire domestique. Il s’agissait notamment d’établissements venant du Brésil ou d’Asie qui exprimaient une volonté assez prononcée de faire du coverage en France. Ils nous ont questionnés, ont fait des études, ont sollicité des consultants… mais ne sont pas venus, principalement à cause de la taxe à 75 %  sur les hauts revenus. L’instabilité chronique sur le plan fiscal a aussi rendu la place de Paris moins attractive. Ce sont les raisons pour lesquelles nous observons un recentrage très fort des BFI en faveur de Londres. Valérie Barthès de Ruyter (CTPartners) – Les recrutements dans ces activités sont encore réalisés de manière très ciblée. Certains métiers continuent à se développer globalement, en front-office comme sur d’autres fonctions et certaines régions (les Etats-Unis en particulier).

L’Agefi Hebdo – Y a-t-il davantage de mouvements en banque privée et en gestion d’actifs ?

Danielle Nassif – Dans ces activités, le poids des fonctions de compliance est grandissant. Dans ce domaine, les personnes disposant d’une solide connaissance de la réglementation et d’une proximité avec les autorités de tutelle, capables d’avoir un rôle d’advisor, de parler plusieurs langues, de faire l’interface avec la maison mère, d’avoir un bon relationnel, sont plus rares. Ces professionnels sont très sollicités. On constate une hausse de leurs niveaux de rémunération que nos clients – opérationnels ou dirigeants – ont parfois du mal à accepter parce que ces fonctions étaient autrefois moins valorisées et perçues comme de pures fonctions supports. Or il est désormais nécessaire de fournir un petit effort sur ce point pour attirer ces profils. Denis Marcadet – En gestion d’actifs, l’année 2014 est nettement plus dynamique, après deux années plutôt ternes. Il y a eu des créations de postes du côté des forces commerciales et une recherche de commerciaux reconnus pour leurs performances. On note une légère reprise sur le marché de la gestion, et ce pour toutes les classes d’actifs : long-short, high yield, actions européennes… Quant à la banque privée, c’est un marché peu liquide mais pas totalement fermé où des gérants seniors au portefeuille significatif d’une part et des développeurs talentueux d’autre part trouvent toujours preneurs. Nadia Tortel – Sur les fonctions de banquiers privés, de gérants et d’analystes, nous avons été très actifs depuis le début de l’année. Les candidats sont plus attirés par des structures de taille moyenne, avec de vrais projets entrepreneuriaux. Ils ne cherchent plus nécessairement la grosse structure de gestion. Thierry Carlier-Lacour – Nous intervenons depuis plusieurs années tant dans la banque privée que dans la gestion d’actifs. En cette rentrée, nous observons une nette recrudescente de mouvements dans ces métiers. Ils concernent aussi bien les fonctions de front (banquiers privés, ingénieurs patrimoniaux, sales institutionnels, commerciaux pour compte de tiers…) que les fonctions supports (responsable de la conformité et du contrôle interne, juridique & fiscal, compliance, ressources humaines…). Les fonctions de front sont plus demandées sur le territoire français, à l’inverse des fonctions supports qui sont pour la plupart localisées au Luxembourg, à Bruxelles ou à Genève. Valérie Barthès de Ruyter – Dans ces métiers, la reprise est significative, et elle se manifeste plus ou moins sur l’ensemble du spectre des rôles.

L’Agefi Hebdo – Que recherchent en particulier vos clients chez les candidats ?

Denis Marcadet – De l’adaptabilité, compte tenu de la mouvance des environnements, un savoir-faire, une capacité à se projeter et une adhésion à leur culture. Les approches diffèrent selon la taille de l’entreprise. Dans les grands groupes, les processus sont nombreux, très normés et les intervenants multiples. Satisfaire à tous ces critères est souvent illusoire. J’ai eu l’exemple en BFI d’un responsable M&A (fusions-acquisitions) qui demandait, dans la short list de candidats, l’égalité hommes-femmes, ce fut un véritable exercice de style ! Dans les petites sociétés, la flexibilité est plus grande, nous sommes moins contraints. On laisse place à l’identité de l’individu. Lieu commun : quelle que soit la taille de l’établissement, tous veulent des entrepreneurs et des hommes ou des femmes d’équipes. Danielle Nassif – Notre rôle est celui de conseil auprès de nos clients. Dans cadre, c’est à nous d’argumenter et d’expliquer le cas échéant que certes, tel candidat a passé quinze années au sein d’un même grand groupe, mais qu’en termes de personnalité et de réalisations professionnelles, il dispose des qualités et compétences recherchées. Certains candidats peuvent parfois avoir une grille de lecture un peu figée. Ils se disent : « Je suis resté six mois sans travailler », ou « j’ai passé quinze ans à faire ceci », ou encore « j’ai 55 ans ». Heureusement, les clients ne sont pas aussi rigides que cela. Thierry Carlier-Lacour – C’est une des vertus de la crise. Elle a permis véritablement de démystifier un certain nombre de choses. On observe depuis quelques années un appétit assez prononcé des candidats pour des structures entrepreneuriales, alors qu’il y a encore une dizaine ou une quinzaine d’années, il n’y avait pas du tout d’intérêt, ou peu, à rejoindre ce type d’acteurs. Ce n’est plus le cas désormais. Valérie Barthès de Ruyter – De plus en plus, les clients du secteur financier veulent pouvoir se projeter à long terme avec un candidat. Ils reviennent aussi aux fondamentaux, aux personnes qui ont un minimum de courage managérial, qui sont droits, collaboratifs, proactifs, autonomes, résilients, qui pourront avoir plusieurs vies sur le plan professionnel au sein de l’entreprise. Cela est vrai dans tous les métiers. Nadia Tortel – Nos clients recherchent la performance, la compétence, le portefeuille de clients… mais aussi des qualités humaines et de leadership.

L’Agefi Hebdo – Quelles sont les tendances sur le front des rémunérations ?

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Pour lire l’intégralité de la table ronde sur le site de l’AGEFI, cliquez ICI.

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